PRIX JACQUES TYMEN ET PRIX MICHÈLE FARDEAU

Lors des Journées de l'AES, l'Association d'Economie sociale décernera deux prix :

Le Prix Jacques Tymen récompensera les meilleurs travaux individuels, de type universitaire (thèse et mémoire de M2), non encore publiés, soutenus entre le 1er janvier 2018 et le 1er mars 2019, de jeunes chercheurs œuvrant dans le champ de l’économie sociale (emploi, revenus, travail, protection sociale, santé, éducation et formation, culture, logement, famille, pauvreté...).

Le Prix Michèle Fardeau distinguera l’activité d’enseignement d’un(e) jeune enseignant(e) chercheur(e) dans le domaine de l’économie sociale titulaire depuis trois à dix ans. Le ou la candidat(e) devra adresser un bilan d’activité, incluant un CV, une note présentant l’activité et le projet d’enseignant-chercheur ainsi qu’une publication choisie pour son caractère remarquable (livre, chapitre d’ouvrage, article)

Les candidatures doivent être déposées d'ici au vendredi 22 mars 2019.

Précisions dans l'affiche pour le prix Michèle Fardeau Prix_Miche_le_Fardeau.pdf

Et pour le prix Jacques Tymenaffiche_prix_Jacques_Tymen_1.pdf

SOUMISSION DES TEXTES EN VUE DES ACTES

Les contributions retenues, qu'elles portent ou non sur le thème central, pourront faire l’objet d’une publication dans les Actes des XXIXe journées, à paraître aux Presses universitaires de Louvain (en format papier et en format électronique).

Sont éligibles à cette publication les textes parvenus au plus tard le 22 mars 2019 

Les textes sont à déposer sur la plateforme http://aes2019.sciencesconf.org/

Le comité scientifique sélectionnera en avril 2019 les propositions retenues pour la publicaton. Les textes non retenus et  ceux qui seront parvenus au-delà de la limite du 22 mars 2019 seront mis en ligne sur lesite http://aes2019.sciencesconf.org/

Appel à communications

Dans le champ large des politiques sociales ou dans celui de l’économie sociale et solidaire, la question de l’adéquation des outils aux publics visés est essentielle. M. Foucault a introduit, avec le concept de gouvernementalité, une réflexion sur les relations entre les instruments d’action, les représentations et croyances d’un côté et, de l’autre, les populations sur lesquelles portent les activités du gouvernement. Ce dernier est ainsi conçu comme visant à modifier les caractéristiques des acteurs et des relations qu’ils nouent entre eux. Si la gouvernementalité moderne est, chez lui, associée au libéralisme comme représentation d’une forme d’autonomie des populations, le concept peut aider à interpréter les diverses formes d’actions intentionnelles qui portent sur des ensembles d’acteurs, qu’elles se situent aux échelles micro, méso ou macroéconomiques. Plus largement, des recherches ont mis l’accent sur les modalités diverses de ce que signifie gouverner dans les économies et sociétés contemporaines, que l’on songe à la « gouvernance par les nombres » de A. Supiot ou au gouvernement par les instruments des recherches en sciences politiques.

De ce point de vue, aussi bien les politiques sociales que l’ensemble des activités relevant de l’économie sociale et solidaire introduisent une mise en question des formes ou du caractère univoque du gouvernement libéral. Elles peuvent apparaître comme une illustration de l’émergence, progressivement institutionnalisée, de conduites alternatives au libéralisme ou elles peuvent sembler en être, au contraire, une modalité paradoxale d’action.  Ne convient-il pas alors d’interroger, à nouveaux frais, la diversité, voire les contradictions internes, l’économie sociale et solidaire en considérant, par exemple, la diversité des modes de coordination qu’elle contient et la façon dont ses pratiques peuvent être influencées par les formes de capitalisme dans lesquelles elle s’insère ?  De même les politiques sociales (travail, santé, emploi, éducation) doivent-elles envisagées comme des modalités d’une gouvernementalité libérale cherchant à contrôler les populations, ou introduisent-elles des types de comportement ou des modes de coordination alternatifs ?

Considérant l’économie sociale comme regroupant les politiques sociales et le domaine de l’ESS, les journées de l’AES 2019 auront pour thème les relations entre gouvernement et économie sociale qu’elles concernent le gouvernement du système économique dans son ensemble ou les formes beaucoup plus localisées de gouvernement du social.

Les propositions pourront se décliner autour de cinq thèmes principaux.

1)   Quelles sont les relations entre pensées et pratiques en longue période ?

2) Quels enseignements peut-on tirer d’une approche comparative des diverses formes d’institutionnalisation des politiques sociales et de l’ESS ?

3)  Politiques sociales et économie sociale et solidaire entre coordination marchande, hiérarchique et démocratique

4)  L’économie sociale et les conditions de la production : entrepreneuriat social, monnaies locales et nouvelles formes de finance.

5) Dans quelle mesure l’évaluation et la mesure d’impact peuvent-elles être comprises comme des « nouveaux » instruments de gouvernement ?

L'appel est ouvert à différentes disciplines (économie, sociologie, sciences politiques, droit, histoire, sciences de gestion etc.) et à leur croisement. Des propositions non spécifiques au thème central, relevant des champs habituels de l'économie sociale, sont également attendues.

1- Les relations entre pensées et pratiques en longue période

Les politiques sociales dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi et du travail comme les activités relevant de l’économie sociale et solidaire ont donné lieu à des pensées vivantes, qu’elles soient critiques du fonctionnement du système économique ou qu’elles cherchent à en corriger certains dysfonctionnements. Les pensées autour des coopératives oscillent, par exemple, entre la contestation socialiste et la rénovation d’une forme de libéralisme. Si ces pensées s’inscrivent dans la perspective de théories, doctrines ou analyses renvoyant à de grands débats philosophiques, politiques, sociaux ou économiques, il convient d’en interroger le rapport à la pratique et aux activités concrètes des acteurs sociaux. Les différentes pensées ont-elles eu des effets sur des pratiques, des normes, des lois ou des règlements et, si tel est le cas, par quels canaux ces effets sont-ils passés ?

Symétriquement, le foisonnement des innovations sociales que l’on a pu rencontrer à certaines périodes a-t-il conduit, et de quelles manières, à des théorisations ou à des conceptualisations particulières ? On peut ainsi interroger politiques sociales et ESS comme sources d’analyses et de pratiques alternatives à celles de l’économie marchande capitaliste. Sur le plan analytique, comment les théorisations de ces pratiques et activités se situent-elles par rapport aux analyses économiques dominantes des économies de marché ? Les travaux théoriques dans le champ de l’économie sociale passent-ils par une critique des analyses néoclassiques pour asseoir une méthodologie alternative, et si oui, quelles en sont les fondements ? Et ces travaux ont-ils été intégrés- et si oui sous quelles formes- dans les discours pratiques des acteurs de terrain ?

Il s’agira donc, dans le cadre de cette thématique, d’interroger la logique et l’articulation des différents types de discours qu’ils soient théoriques, philosophiques ou pratiques. Histoire des faits et histoire de la pensée doivent ici être envisagées comme deux approches complémentaires.

2-  Quels enseignements peut-on tirer d’une approche comparative des diverses formes d’institutionnalisation de l’ESS ?

L’économie sociale et solidaire s’est vue reconnaître un espace propre selon des modalités qui diffèrent en fonction des aires géographiques et des périodes historiques. 

L’émergence d’une économie sociale et solidaire a pu être associée à une longue période de lutte menée par les mouvements ouvriers, mais aussi à l’action d’un patronat paternaliste voulant atténuer les tensions sociales ou encore à l’intervention d’une bureaucratie cherchant, dans l’intégration d’une partie du salariat, la réduction de la conflictualité sociale. Le développement d’activités sociales a aussi pu être associé à la volonté de renforcer un projet national ou à celle de souder une communauté particulière. Dans tous ces cas, l’ESS peut être reliée à une forme particulière de gouvernement des populations et une approche comparative permet de mieux en saisir les ressorts profonds, au-delà de la diversité des situations et des trajectoires. De même, l’institutionnalisation, sous la forme de l’établissement d’un cadre juridique, passe-t-elle par un processus d’imitation juridique ou par des formes singulières ? Quelles ont été ou quelles sont, par exemple les formes différenciées d’influence des politiques et pratiques institutionnelles des pays occidentaux ou autres sur l’institutionnalisation de l’économie sociale et solidaire des différentes aires géographiques. Doit-on au contraire invoquer une forme de dépendance à l’égard du chemin qui accorderait une importance essentielle aux trajectoires des différents pays ? Et quelle place accorder à la politique publique dans ces processus d’institutionnalisation ?

La comparaison entre l’Europe de l’Ouest et les pays d’Europe de l’Est marqués par plusieurs décennies d’économie administrée, ou avec les pays d’Amérique latine, particulièrement inégalitaires et subissant une forte violence sociale, devraient être riche d’enseignements.

Il s’agira ainsi d’étudier, dans une perspective comparative et institutionnaliste longue, les différentes trajectoires en éclairant le poids de l’histoire dans le développement de l’économie sociale et solidaire, notamment celui de formes anciennes de coopérativisme dans le premier cas, la marque présente de l’héritage communiste dans le second, et la volonté collective d’organisation d’activités autrefois qualifiées d’informelles ou « à compte propre » en une alternative à l’économie capitaliste basée sur le développement local dans le troisième.

3- L’économie sociale et solidaire entre coordination marchande, hiérarchique et démocratique

Dans cette thématique, il s’agit d’analyser la façon dont ces ensembles d’activités sont gouvernés. La diversité des activités regroupées sous le terme d’économie sociale et solidaire est largement reconnue. On peut tenter de l’analyser en considérant les différents modes de coordination qui sont présents en son sein. Le rapport à la coordination marchande est bien connu dans la mesure où il peut être associé, soit à une garantie d’efficacité et d’acquisition de ressources soit, au contraire, à une menace sur la raison d’être, la nature profonde et la viabilité  des activités de l’économie sociale et solidaire. La coordination hiérarchique met au centre le but commun énoncé par l’autorité légitime et peut être la garantie de l’atteinte d’un objectif ou d’un ensemble d’objectifs sociaux, à condition que les moyens soient adaptés aux fins et que l’ensemble des participants adhèrent au projet collectif. La coordination démocratique se veut la plus innovante cherchant dans la co-construction d’un domaine d’activité une forme de coordination dépassant les limites des coordinations marchandes et hiérarchiques.

Des études historiques, des études de cas ou toutes formes d’enquêtes de terrain sont particulièrement sollicitées dans cette thématique, afin de confronter les analyses des différentes expériences concrètes de ces diverses formes de coordination.

4- L’économie sociale et les conditions de la production : entrepreneuriat social, monnaies locales et nouvelles formes de finance

Une économie politique du gouvernement doit introduire une analyse des conditions économiques du gouvernement. Ici il s’agit d’interroger certains aspects qui relèvent de ce que l’on pourrait appeler une économie monétaire de production du social.

L’entrepreneuriat social, une des sources de la création de nouvelles activités, est considéré comme un vecteur de l’innovation sociale. On pourra ici s’interroger sur les différents types d’entrepreneuriat social que l’on peut identifier et sur les formes de gouvernement des activités que l’on peut y associer. Ne peut-on, par exemple, identifier des formes collectives –et non uniquement individuelles- d’entrepreneuriat associées à des modes différenciés de gouvernement des activités ?

Les banques coopératives mettent en avant la différence mutualiste et utilisent l’ancrage territorial et la proximité pour marquer leur identité D’une part, on peut se demander si l’ambition qui était à l’origine de leur création – donner à des communautés civiques les moyens de maîtriser leurs relations au système bancaire et à l’argent – est toujours respectée. Financent-elles réellement les entreprises de l’économie sociale ? D’autre part, le mode de fonctionnement des banques coopératives est-il en adéquation avec les valeurs dont elles se réclament ? Sont-elles réellement différentes des autres banques ou sont-elles simplement méconnues dans leurs différences et dans leur potentiel ? Les banques coopératives ne sont-elles pas traversées par une tension entre hybridation de leur modèle de gouvernance et leur identité coopérative ?

Les monnaies locales et complémentaires permettent-elles de dégager un ensemble d’acteurs de certaines contraintes liées au gouvernement libéral des populations ? Et permettent-elles d’envisager l’émergence d’une forme particulière et localisée d’auto-gouvernement ?

Enfin, différentes pratiques liées à la finance alternative sont-elles susceptibles de dégager des ressources pour une économie sociale et solidaire ? En effet, les pratiques de la finance sociale et solidaire ont pu peu à peu se développer en marge de la finance conventionnelle. Parfois accusées de pratiquer une forme de "greenwashing" ou éco-blanchiment, on peut se demander dans quelle mesure ces pratiques continueront de se développer tout en restant fidèles à leurs objectifs initiaux, à savoir la réintégration dans le système financier des acteurs qui n'entrent pas dans les circuits financiers classiques. Ces formes de finance alternative placent-elles toujours les préoccupations extra-financières au-dessus des préoccupations financières ? Sont-elles capables d'être un véritable vecteur de cohésion sociale face aux factures provoquées par l'individualisme néolibéral ? La porosité avec la finance conventionnelle ne pourrait-t-elle pas conduire à des formes d’instabilité et à l’émergence de risques nouveaux pour le gouvernement des entreprises de l'ESS ?

5- L’évaluation et la mesure d’impact : les « nouveaux » instruments de gouvernement et de représentations de la performance

Depuis quelques années, on assiste à une multiplication de guides et de rapports nationaux, européens et internationaux liés à la mesure d’impact social. Ces publications institutionnelles témoignent d’un engouement certain pour l’évaluation au sens large et plus particulièrement pour la mesure d’impact. Le contexte relatif à la baisse des financements publics et à la nécessité de voir se développer des formes d’investissement à impact semble propice à faire de la mesure d’impact le nouvel instrument de preuve de l’efficacité de l’économie sociale et solidaire. En 2018, la dernière politique publique « French impact » proposée par le gouvernement actuel a positionné la mesure d’impact comme la pierre angulaire de cette efficacité. Nouvel instrument de contrôle pour les uns, démarche rigoureuse de preuve de son « impact » pour les autres, son essor montre la diversité des représentations à l’œuvre dans l’économie sociale et solidaire.

La mesure d’impact qui trouve aujourd’hui une actualité certaine dans l’ESS n’est pourtant pas nouvelle. Son développement s’inscrit dans une histoire plus large qui touche à la fois l’économie du développement mais aussi l’évaluation des politiques sociales. Elle renvoie ainsi à d’autres notions connexes avec celle de la preuve : la duplication à grande échelle d’une initiative locale, les choix de nouvelles répartitions dans le cadre des politiques sociales, etc.

Les propositions attendues dans cette thématique interrogeront ainsi les liens plus ou moins indissociables de l’essor de la mesure d’impact et des reconfigurations actuelles et historiques des politiques sociales. Les contributions qui interrogeront à partir d’études de cas les possibles et les limites de ces instruments au regard des spécificités de l’ESS et des innovations sociales seront également appréciées.

Si le Comité scientifique de l'AÉS attend avec intérêt les contributions relevant avant tout du thème central du colloque, comme chaque année, les journées de l’AÉS sont aussi ouvertes à des contributions relevant des divers champs habituels de l'économie sociale tels que la santé, l'éducation, la protection sociale, le logement, l'économie du secteur non-marchand, la pauvreté, l'exclusion, l'économie de la culture. Des projets de communication non spécifiques au thème central peuvent donc également être soumis à l'évaluation du Comité scientifique de l’AÉS.


 

 

 

Comités scientifique et comité d'organisation

Comité scientifique de l’AÉS : Philippe Abecassis (Université Paris 13), Philippe Batifoulier (Université Paris 13), Jérôme Blanc (Université Lumière Lyon 2, Président de l’AES), Cécile Bourreau-Dubois (Université de Lorraine), Nathalie Coutinet (Université Paris 13), Hervé Defalvard (Université Paris-Est), Florence Degavre (Université Catholique de Louvain, FOPES), Jean-Paul Domin (Université de Reims, Trésorier de l’AÉS), Chantal Euzéby (Université Grenoble 2-Pierre Mendès France), Anne Fretel (Université Lille 1), Maryse Gadreau (Université de Bourgogne), Bruno Jeandidier (CNER et Université de Lorraine), Marie-Eve Joël (université Paris Dauphine), Stéphanie Laguérodie (Université Paris 1), Bruno Lamotte (Université Grenoble 2-Pierre Mendès France), Guillemette de Larquier (Université de Lille), François Legendre (Université Paris-Est Créteil), Stéphane Longuet (Université de Picardie, Secrétaire de l’AES), Michel Maric (Université de Reims), Francesca Petrella (Université d’Aix-Marseille), Jean-Michel Plassard (Université Toulouse1-Sciences sociales), Delphine Remillon (Ined), Nadine Richez-Battesti (Université d’Aix-Marseille), Géraldine Rieucau (Université Paris 8).

Comité local d’organisation : Christian Azais, Emmanuelle Benicourt, Emmanuelle Besançon, Sylvain Celle, Sophie Changeur, Nicolas Chochoy, Elias Erragragui, Jean-Pierre Girard, Thibault Guyon, Esther Jeffers, Agnès Labrousse, Philippe Lege, Stéphane Longuet, Marion Maignan, Tsvetelina Marinova, Jaime Marques-Pereira, Nikolay Nenovsky, Loredana Ureche-Rangau

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